Un peu de poésie
Tempête
Tempête
Sur le sentier trempé, les pas se font plus lourds
Le vent souffle, siffle, gifle tout alentours
Les grands pins maritimes s'inclinent, se courbent,
Balayés par le tourbillon des bourrasques fourbes,
De l'autre côté du chemin, s'étend à l'infini
Un drap fripé, froissé d’indicibles plis ;
L'océan déchaîné, d'un mouvement incessant,
Galope intrépide, se cabre contre les vents,
La mer se soulève en vagues déferlantes
Elle gronde, gonfle, gondole d'une mouvance insolente,
Ouvrant et refermant ses flots si fugitifs
En paquets d'eau puissants, lourds et massifs,
Accourant du large, dans un bruit d'avalanche,
La lame éclabousse une écume neige blanche
Qui vient s'étendre, innocente écharpe de mousse,
Donnant à la fureur une allure plus douce,
Dans le ciel violacé, un vol de goélands
Semble tendre un filet pour arrêter le vent ;
Les bécasseaux rapides en bande rassemblées
Évitent agilement les rouleaux agités,
Au loin se dresse, dans un tissu de brume
Puis disparaît dans un fracas d'écume
Un grand colosse au squelette de pierres,
Phare qui guette de son œil lumière,
Là, minuscule face au ressac irascible,
J'hume les embruns de gouttelettes invisibles ;
L'air fouette mon visage d'un vent chargé de sel ;
A cet instant ne reste de moi que l’essentiel.
Les chaumes
Tout en haut du massif, une prairie nommée chaume
Quelques heures durant deviendra mon royaume
Dans les doux pâturages, loin des hommes, de leur faune
S'étendre au soleil et goûter l'herbe jaune.
Comme une fraîche haleine, une brise embaumée
Vient caresser ma peau de son souffle léger,
Des notes de senteurs poudrées, douces et ambrées
Parfument délicatement l'air d'un arôme sucré.
Dans le ciel azuré d’un camaïeu de bleus
S'effranchent et s'effilochent les nuages cotonneux
Ployant et déployant leurs voilures ouatées
Dessinant dans les cieux leurs formes veloutées.
Un oiseau plane au loin et avec lui s'envolent
Mes pensées ; un instant, quitter la terre, le sol
Contempler de plus haut, les champs verts et féconds,
Les prés fleuris, les forêts et les monts.
Tourbillonner, pirouetter, virevolter,
De vallons en collines, de montagnes en vallées,
Se perdre et chavirer dans les voilures du vent
Et se fondre aérienne dans un souffle enivrant.
Doucement redescendre, revenir au présent
Au silence tout juste troublé par le bourdonnement
D'un insecte se posant juste à côté de moi
En chantant son bonheur tout simple d'être là.
Tout à l'heure j'entendrai montant de la vallée
De l'église tout en bas le carillon sonner
Le tintement lointain des cloches d'un troupeau
Quittant les pâturages pour rentrer au hameau.
Le soleil affaibli, dorera les vallons
Colorera le ciel d'un rouge vermillon
Avant de disparaître et de clore ce jour
Me rappelant déjà qu'il est l'heure du retour.
C'est là dans la nature, là où s'oublie les heures
Que je viendrai encore respirer les parfums de douceurs
Dans le calme touchant de la terre et des cieux
Où tout me semble soudain parfait et délicieux.
L'automne
Parmi les sentiers, promeneur solitaire,
Je suis d'un pas rêveur les chemins effacés
Jonchés de feuilles jaunes et de rouges pourprés
Qui livrent la senteur du parfum de la terre,
Quel doux trésor de paix, de joie et d'innocence
Là, tout plait à mon âme et tout rit à mes yeux
Dans ce calme touchant de la terre et des cieux
Où tout dans la nature prend à ce moment sens,
Le brin d'herbe qui frissonne, s'abandonnant à l'air
Le duvet d'un chardon qui lentement s'envole
Sur un berceau de mousse, ultime verdure de sol
Et l'ambre qui ternit la dentelle des fougères,
Le bruit clair du ruisseau qui s'écoule et murmure
Au pied des bouleaux blancs au feuillage d'argent
Le tendre rossignol qui termine son chant
Comme un dernier adieu, la fin de l’aventure,
Et puis mes pas s'arrêtent et soudain à mes yeux
Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile avant de se sauver
Dans l'ombre des grands chênes qui règnent sur le lieu
Déjà le jour décline, le soleil pâlit
Et sa faible lumière perce à peine à mes pas,
Une feuille séchée virevolte devant moi
L'obscurité des bois ; bientôt sera la nuit.
Mon prénom
Isabelle, Isabelle, sortie du ventre maternel
Isabelle, Isabelle, petite fille accidentelle
Etait-ce le prénom de la fille d'un Roi
Ou juste une mode d'autrefois ?
Isabelle,mon prénom, mon moi, mon personnel
Isabelle, Isabelle, que j'aurais du entendre comme une ritournelle
Puisqu'il était de mes parents le choix
C'est pourtant de « Zaza », très tôt qu'on m'affubla
Zaza, Zaza, devenait donc mon prénom usuel
Zaza, Zaza, ou était passé la « Belle »
Petite fille aux yeux couleur cannelle
Qui jouait les princesses déguisée en dentelle ?
Zaza, ainsi, me poursuivit longtemps
Jusqu'au début de l'âge adolescent ;
Était ce alors les bouclettes sur ma tête de linotte
qui me valurent qu'on me nomma « Charlotte » ?
Charlotte, Charlotte, jeune fille aux jeans rapiécés
Aux pulls toujours trop grands et aux Kickers usées
Charlotte, Charlotte, tantôt rieuse, tantôt rêveuse
Révoltée à ses heures, et à d'autres amoureuse,,,
Charlotte se maria, gardant ce prénom ci
Abandonnant son nom pour celui d'un mari
Puisque pour demoiselle il s'en avère ainsi
Que pour être femme, on perd son nom de fille,
Charlotte eut des enfants qui l'appelèrent « Maman »
Et lentement, imperceptiblement,
Les amis d'antan ne l'appelèrent plus
Et « Charlotte » disparut,,,
Sur quelques toiles blanches, elle égayait ses heures
Y posant au hasard quelques vives couleurs
il fallut mettre un nom au bas de la peinture
« Isabelle-Charlotte » fut donc ma signature,
Puis vint ce temps présent où sur une autre toile
Ce sont des pseudonymes qui maintenant se dévoilent
Ainsi j'allais pouvoir choisir un nom qui me convienne
Ysabel, comme Yvonne, ma grand-mère et son nom : Nothissen
Ysabel fut décliné : Ysa , Ysamie, Ysartiste
Ysabsente,Ysabimée, Ysabysse, Ysatriste
Ysattachiante, on donna à ce prénom tous les contours
et pour quelques uns, je fus BelYsa, Ysadorée, même Ysamour !
Isabelle est le prénom de ma naissance
Ysabel est le prénom de ma conscience
Il n'y manque qu'un point sur un i et deux ailes
Pour la retrouver « Elle »,